Comme je l'ai dit , ignorant la fin tragique de M ....
M était introvertie, avait un caractère dur et ne disait que rarement bonjour ou souriait,,, Elle n'était pas heureuse.
ce que je dis et redis... Et nul ne savait pourquoi et n'a besoin de le savoir.
Ce secret si bien gardé est parti avec elle, pour que personne ne le découvre jamais,,,,
Son seul sourire et bonjour pour moi a été donné jeudi ou vendredi, ce dernier jour où elle était parmi nous au lycée....
Ce "bonjour madame" de manière absolument inattendue .Un grand sourire aux lèvres,,, j'ai cru rêver...
Ce "bonjour madame" me reste au travers de l'âme et raisonne en moi comme un au revoir.
J'ai dû me retourner pour savoir qui me saluait si sympathiquement,,, et bien,,, j'ai répondu Bonjour M...
Je me suis dit : "Tiens M
à l'air d'être enfin heureuse",,, dit et redit .
Hier , je souhaitais qu'elle soit à l'autre bout de la planète avec son prince charmant,,,et vivante.
Un "petit copain" n'a pas suffit à taire son désespoir.
J'imaginais le pire, suite aux rumeurs sortis de l'imaginaire angoissé des élèves,,, raison pour laquelle j'ai été sollicité.
Son dernier jour au lycée, elle avait déjà choisi, et comble de bonheur pour moi, ce bonjour fut un au revoir, comme pour me rassurer et me signifier que son choix avait du sens.
Je la savais très intelligente, pas de cette intelligence scolaire qui ne lui ressemblait pas, mais de cette intelligence humaine qui faisait d'elle une fleur fermée aux épines nombreuses.
Je voyais cet épanouissement caché, sa vérité, et je la respectais, comme elle me respectait.
Elle aurait pu s'ouvrir à elle même,,, un jour, mais le secret était trop lourd à porter. Silence vaut acceptation.
Lucidité et courage :
Ce "bonjour madame" comme un encouragement pour traverser le miroir , me retrouvant face à moi même en ce moment de profond désespoir.
M a été retrouvé à quelques battements d'ailes d'oiseaux de chez moi,,, et j'irai jeter une rose sur ce fleuve qui emmènera ma peine,,,
L'écluse nous a rendu M, elle aurait pu disparaître à jamais nous laissant éternellement dans le doute pire que l'annonce de sa mort.
Silence vaut acceptation, mais une poussière de doute subsiste... et nous ne nous consolerons jamais.
